Problématique

Argumentaire

La participation de l'industrie informatique à l'empreinte écologique des humains (CO2, terres rares, biodiversité, eau...) est aujourd'hui mesurée, même si ces mesures peinent à être précises. L'empreinte du numérique se répartit d'une part entre la fabrication et l'utilisation, et d'autre part entre les terminaux, les serveurs et le réseau. Des controverses existent sur la prédominance de chacun de ces postes, mais un consensus se dégage sur la nécessité de considérer la croissance exponentielle du numérique comme problématique.

Le numérique se pose en un double cas limite :

  • Il est d'emblée dans le champ du high-tech ; il n'y a pas de d'informatique low-tech.

  • Il revêt un caractère holistique ; toutes les autres technologies humaines dépendent aujourd'hui du numérique.

On ne peut donc pas envisager d'informatique low-tech et on peut difficilement imaginer un monde sans numérique. En revanche on peut envisager d'agir sur l'informatique que l'on privilégie : de plus en plus puissante et génératrice de nouveaux besoins, ou au contraire plus modeste et moins invasive.

Low-technicisation : définition préliminaire

On peut définir le processus de low-technicisation comme consistant à chercher à réduire l'empreinte technique d'un objet lors de sa conception.

La low-technicisation cherche à réduire le spectre fonctionnel et la complexité technique des objets afin de produire des outils plus économes et plus conviviaux.

  • Économe : qui consomme moins de ressources naturelles, plus soutenable d'un point de vue environnemental.

  • Convivial (au sens de Illich) : qui est moins dépendant d'autres systèmes techniques, plus maîtrisables d'un point de vue d'une communauté humaine de taille modeste.

Low-technicisation et numérique

  • La low-technicisation du numérique cherchera à réduire le spectre fonctionnel et la complexité technique des applications informatiques elles-mêmes afin de produire des outils plus économes et plus conviviaux.

  • La low-technicisation par le numérique cherchera à concevoir des applications informatiques en vue d'accompagner la production d'objets (numériques ou non) plus économes et plus conviviaux.

Est-il possible d'articuler des approches orientées low-technicisation avec le métier d'ingénieur et avec la formation d'ingénieur ?

Hypothèse de complémentarité

  1. L'ingénieur contemporain est « orienté high-tech » ; une approche de low-technicisation est complémentaire.

  2. Les démarches d'ingénierie soutenable dominantes sont plutôt orientées quantification et optimisation a posteriori (ex : ACV), une approche de low-technicisation sera orientée évaluation qualitative et a priori ; il y a à nouveau complémentarité.

Complémentaire et contradictoire

Complémentaire est ici à entendre au sens de :

  • les approches traditionnelles et la low-technicisation s'ajoutent pour forger un ingénieur plus polyvalent dans ses approches, un ingénieur qui compose ;

  • et/ou les approches se confrontent pour forger un ingénieur capable de se positionner sur des trajectoires socio-techniques, un ingénieur qui choisit.

Hypothèse de réflexivité sur la technique

L'ingénieur doit intégrer une dimension réflexive sur la technique (techno-logique au sens de Costech) pour gérer cette complémentarité/confrontation et s'inscrire dans la co- constitutivité humain-technique.

Cette posture s'oppose au :

  1. Déterminisme humain (la technique est neutre)

    • Déterminisme de l'ingénierie : L'ingénieur construit les objets, donc c'est lui qui décide ; l'ingénieur démiurge fabrique le monde technique selon sa volonté (si on adopte cette posture alors former les ingénieurs aux enjeux techniques ne sert à rien).

    • Déterminisme du social : Le politique et/ou le socio-économique (les utilisateurs, la demande, le besoin...) décide, l'ingénieur n'est qu'un rouage exécutant (esclave) de ces décisions (NB : si on adopte cette posture alors former les ingénieurs aux enjeux sociétaux ne sert à rien).

  2. Déterminisme technique : l'évolution technique est autonome (donc on ne peut rien faire, versant technique de la « fin de l'histoire »).

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