Lecture et écriture hypertextuelles

FondamentalDouble vocation de l'hypertexte

« Par hypertexte, j'entends simplement écriture non séquentielle. (...) Il y a deux arguments essentiels en faveur de l'abandon de la présentation séquentielle. Le premier est qu'elle dégrade l'unité et la structure du réseau du texte. Le deuxième est qu'elle impose à tous les lecteurs une seule et même séquence de lecture qui peut ne convenir à aucun. » (« Literary Machines », 1990). L'hypertexte a donc deux vocations : créer un système d'organisation des données en réseau mais surtout instaurer un mode de pensée qui convienne à l'humain.

Hypertexte VS. Base de données

Dans une base de données, l'organisation de l'information s'effectue préalablement à la lecture. Cela signifie que la consultation d'une base de données ne constitue pas une activité lectorielle. Par exemple, dans le cadre de la base de données d'une librairie, on pourra trouver un livre mais l'information que l'on trouvera (titre, auteur, édition etc.) sera différente de la lecture du livre. On peut certes constituer une base de données remplie de morceaux de textes que l'on peut assembler pour former un texte à lire mais ce texte restera figé, comme un texte classique, sur papier. L'hypertexte trouve son intérêt au-delà de l'organisation de l'information qu'il génère. Il permet de construire une pensée à travers un ensemble de données. Il offre la possibilité d'effectuer un parcours de lecture non linéaire d'un texte.

Du discours oral au lien hypertexte

Il n'y a rien de plus linéaire qu'un discours oral. L'expression orale « perdre le fil de ses idées » en est le témoin. Le discours oral est irréversible et unidimensionnel. Il ne fait que s’écouler : il y a seulement un avant et un après le discours oral. Le texte ajoute une deuxième dimension, celle du plus haut et du plus bas. En effet, chaque élément textuel a une position spatiale dans le document. En revanche, les possibilités d'agencement des éléments du texte sont fermées. Même si un livre peut être lu dans le désordre, sa matérialité limite les parcours transversaux. Seul le texte numérique permet éventuellement d'effectuer ce genre de parcours aisément. L'hypertexte, en plus d’être non linéaire, est discontinu. Il invite le lecteur à organiser sa lecture et son écriture comme il le souhaite. Les fragments hypertextes résultent soit de la volonté de l'auteur qui organise son contenu, soit de la navigation du lecteur qui clique sur des liens. L'hypertexte est donc à la fois ordre et désordre, c'est un cheminement potentiel.

Hypertexte et cognition

Deux visions de l'hypertexte s'opposent : la première prône l’idée selon laquelle la succession des liens hypertextes correspond à une structure logique. L'hypertexte serait à l’hypermédia ce que la table des matières est au livre. L'utilisateur adopte donc une démarche cognitive logique en naviguant sur l’hypermédia. Il se laisse porter par la structure. L'autre vision rejette l’idée d'un hypertexte logique et prône l’idée selon laquelle il n'y a aucune raison avec l'hypertexte. L'utilisateur vagabonde sur l’hypermédia, il est impossible d’établir une cohérence intellectuelle (idée de Roger Laufer).

FondamentalOrdre et désordre hypertextuels

La lecture et l’écriture hypertextuelles offrent de nouvelles perspectives en termes d’expériences cognitives. L'hypertexte rompt avec la linéarité et la continuité des contenus traditionnels. Cette rupture peut être considérée comme ordonnée ou désordonnée selon deux aspects :

  • Ordonnée si le lecteur suit le cheminement hypertextuel établi par l’écrivain, désordonnée sinon.

  • Ordonnée si l’écrivain voit dans l'hypertexte une façon de structurer logiquement son hypermédia, désordonnée sinon.

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